Les Ménines (The Maids of Honor) de Gérard Rancinan revisite l’œuvre culte de Velázquez en la transposant dans un univers pop et décalé, où l’obsession de l’image et la quête d’éternité règnent en maîtres. À l’image de l’Infante figée pour l’éternité par Velázquez, puis de Marilyn Monroe iconifiée par Warhol, le personnage central endosse ici le rôle d’une nouvelle muse, symbole de la gloire éphémère et de l’obsession contemporaine pour l’apparence.

Dans cette mise en scène foisonnante, Rancinan mélange sans complexe les références : couture extravagante en papier journal, néons et latex rose, injonctions au culte du corps, et détournement d’éléments religieux. Les miroirs, les cadres dorés et les boules à facettes rappellent à la fois la solennité d’un décor historique et la superficialité d’un monde tourné vers le spectacle. Chaque protagoniste semble jouer son propre rôle, comme pour dévoiler les multiples facettes de la célébrité et de la représentation de soi.

À travers Les Ménines, Rancinan pose un regard critique sur une société fascinée par l’illusion du temps suspendu et la promesse d’une jeunesse perpétuelle. L’artiste invite le spectateur à questionner la manière dont nous glorifions nos idoles, recourant aujourd’hui non plus aux pinceaux, mais à la technologie et à la chirurgie esthétique. Il en résulte une œuvre vive, théâtrale et provocatrice, qui souligne l’éternel désir de l’homme de se confronter à sa propre finitude.