INTERVIEW VIDEO
À la rencontre d’Idan Wizen
Idan nous parle de son parcours et son histoire
Être un artiste au XXIème siècle n’est plus une chose facile. Les médiums d’expression se multiplient, et les idées aussi. Comment réussir à s’exprimer et se différencier dans la société d’aujourd’hui qui nous submerge de flux d’informations permanents ? Artiste photographe dans la capitale française, créateur d’idées novatrices et sans peur d’expression. Portrait d’un photographe humaniste et engagé sur le thème de la liberté.
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Tête à tête avec l’artiste Idan Wizen
Bonjour, je suis Idan Wizen, photographe plasticien, principalement basé à Paris. Je travaille aussi bien pour la photo de pub, de mode, mais avant tout je fais de la photo d’art. J’ai fondé en 2009 le projet Un Anonyme Nu Dans Le Salon, qui existe toujours ; et depuis pas mal d’autres projets artistiques, que vous pouvez découvrir à travers les expositions, sur mon site internet.
Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir artiste ?
J’ai compris ça assez tardivement. J’avais toujours envie d’exprimer mes convictions, mes idéaux, interagir avec les gens, les pousser à la réflexion. J’ai toujours voulu éviter le conflit ou le débat politique, qui souvent est très dur, et qui laisse les personnes ancrées sur leurs positions. Ce que j’aime avec l’art et l’art visuel, c’est la capacité de toucher l’inconscient, toucher subtilement, de manière onirique, de manière esthétique les gens, les pousser à des réflexions et à comprendre le point de vue de l’autre.
Pourquoi avoir choisi de t’exprimer à travers de la photographie ?
Si j’ai choisi la photo, c’est parce que rapidement en commençant à dessiner, je me suis aperçu que je ne pouvais pas faire autre chose que de l’art abstrait, même quand je le voulais pas. La photographie a rapidement été pour moi un outil utile et pratique. En commençant à photographier, j’ai rapidement compris qu’on n’était pas obligé de photographier le réel, mais qu’on pouvait aussi créer sa propre réalité et je trouve là tout l’intérêt de la photographie.
Est-ce que tu as eu besoin d’une formation technique pour apprendre la photographie ?
La photographie, je l’ai appris principalement en autodidacte, en tout cas que la partie technique. A côté de ça, j’ai fait des études en université d’Art de Londres, là où j’ai le master. Dans cette université j’ai appris la composition, l’œil du cadrage, mais surtout la créativité, à prendre, à organiser et à transmettre ses idées. Je crois que c’est fondamental quand on veut faire de l’art. Ensuite, la technique on l’apprend, et la technique en elle-même n’est pas extrêmement complexe, on y arrive facilement.
Devenir artiste, c’est quelque chose que tu as toujours souhaité ?
Non, pendant très longtemps je ne pensais pas à être artiste, je n’étais même pas certain que ça pouvait être un métier, et que ça pouvait être le mien. J’avais avant tout envie et besoin de m’exprimer, et c’est venu sur le tard, quand j’ai fait mes premières images, qu’elles ont plu, et que je me suis aperçu que je pouvais en faire ma vie.
Quels sont les idéaux que tu exprimes à travers de tes différentes projets artistiques ?
Ce qu’on va retrouver dans mes projets artistiques comme le fil conducteur, c’est le concept de liberté. La liberté individuelle qui me semble être au cœur de mes travaux. C’est souvent une liberté sur laquelle on ne se bat plus contre autrui, qui fait nous priver de liberté, mais contre nous-mêmes, où on va être victime de ses propres chaînes, de ses propres enfermements. C’est pour moi un travail clé dans mon art, dans le fait que chacun puisse s’épanouir, grandir, se libérer, en affrontant ses propres peurs. Plus généralement, j’ai envie de pousser le spectateur à la réflexion, se remettre en cause sur des idées préconçues et comprendre l’opinion d’autrui qui peut être différente, et de faire réfléchir, d’être un élément déclencheur, sans être dans le frontal, abrupt, mais plutôt par l’accompagnement, par la discussion, par le regard.
Ce qui est intéressant avec l’œuvre quand on la regarde, ce qu’on a pas d’idée conçue, bien précise, comme un discours politique, mais on a quelque chose qui va pousser à la réflexion, qui va faire évoluer petit à petit le spectateur.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?
Je m’inspire bien entendu de grands artistes que j’admire énormément, comme David Lachapelle, Jill Greenberg, Brooke Shaden, ou encore Sacha Goldenberg, mais pas uniquement. Je m’inspire également de toute la pop culture, qui va de Tolkien, en passant par le glam rock des années 70-80, jusqu’à aujourd’hui aux Marvels et Star Wars. Je crois que le monde qui nous entoure est une source d’inspiration en permanence, je vais y trouver des références dans ce que j’aime, mais plus globalement je m’inspire beaucoup des débats politiques et sociologiques de notre société, qui la traverse aujourd’hui, et qui est une source d’inspiration, de réflexion pour moi.
En ce moment, tu travailles sur un projet en particulier ?
Je suis aujourd’hui en pleine écriture d’un projet qui s’appelle We Tomorrow, qui est un peu le projet de futurologue, où j’essaie d’imaginer ce que l’homme sera dans des décennies à venir. L’homme et plus généralement les sociétés qui composent l’humanité. Et puis, je travaille toujours sur la mise en place des expositions, aussi bien d’Un Anonyme Nu Dans Le Salon, que d’autres projets comme Into The Box, The World We Left Them, ou bien entendu Hinders.
Comment est-ce que tu définirais l’Artiste du XXIème siècle ?
Je crois que j’aime bien me battre contre l’idée que l’artiste c’est forcément un marginal, quelqu’un qui vit différemment, autrement. Je ne pense pas. J’ai une vie assez simple, j’aime passer du temps avec mes proches. Pour moi un artiste c’est avant tout quelqu’un qui doit exprimer un discours libre. On est dans une société où tout est très policé, personne n’aime prendre le risque : les politiques qui ont peur de perdre leur électorat, et qui donc vont toujours rester dans un politiquement correct (c’est le cas de le dire). Mais c’est vrai également de plus en plus pour des entreprises, pour les médias, pour les journalistes, où on a l’impression que tout devient plus censuré, on a beaucoup de mal.
En étant artiste on est totalement indépendant, on peut exprimer réellement ce qu’on veut, on est réellement libre d’essayer de passer ses messages. On a toujours besoin des médias, d’entreprises qui vont nous permettre d’exposer ; et il faut se battre contre cette censure et laisser libre court à des idées différentes, à ne pas être dans un monobloc des pensées.
Comment est-ce que tu vis les différents retours que tu as de la part de tes interlocuteurs ?
J’aime beaucoup l’échange avec le public, c’est quelque chose de fondamental qui me permet d’améliorer mon travail en permanence, de comprendre d’autres points de vue, de progresser.
Je l’aime dans les expositions, sur les dialogues, mais je crois que l’apprécie particulièrement à l’écrit, via des mails, parce que l’écrit nous laisse le temps d’avoir un discours plus réfléchi, plus profond. C’est vrai que j’entretiens avec des admirateurs, des collectionneurs, des gens qui me suivent des relations épistolaires depuis des années, qui sont vraiment intéressantes. J’essaie de mettre un point d’honneur de répondre à toutes les personnes qui m’écrivent, pour répondre à leurs questions, leurs réflexions, leurs remarques, qu’elles soient positives ou négatives.