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Artiste, un métier qui fait rêver !

Le mythe de la vie d'artiste fait toujours autant rêver. Idan nous partage sa réalité, son expérience et son vécu en tant qu'artiste photographe depuis plus de 10 ans.

À l’instar des sportifs de haut niveau ou des comédiens, de plus en plus de jeunes rêvent de devenir artiste et par là même d’en vivre aisément. La réalité est souvent bien différente de l’image d’Épinal que l’on s’en fait. Rencontre avec Idan Wizen, artiste-photographe depuis plus de 10 ans.

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Tête-à-tête avec l’artiste Idan Wizen

Bonjour, je suis Idan Wizen artiste photographe à Paris. J’ai eu la chance depuis plus de dix ans de faire une quarantaine d’expositions aussi bien en France, aux États-Unis, au Japon, et de faire mon métier, artiste photographe à temps plein.

 

Quelles sont les contraintes auxquelles tu dois faire face en tant qu’artiste ?

Aujourd’hui, devenir plasticien, ce n’est pas quelque chose d’évident, il y a beaucoup de gens qui le souhaitent et forcément peu d’élus. Comme dans de nombreux métiers, que ce soit pour les chanteurs, pour la musique, pour les sportifs, les places sont rares. Je crois que qu’il faut trois choses un peu de talent, beaucoup de travail et beaucoup d’acharnement. Et puis, avoir un peu de chance. Malheureusement, le talent et le travail ne suffisent pas toujours. Il faut rester persévérant et continuer à travailler en permanence.

 

On dit souvent que pour être artiste, il faut trouver son style. Qu’en penses-tu ?

Ça dépend vraiment de ce qu’on entend par style. Je pense que la première chose à avoir, c’est quelque chose à raconter, une histoire, des idées, une vision du monde qui est propre, qui est unique. Ne pas raconter la même chose que tout le monde.
Si on entend par style uniquement un univers graphique un peu différent ou pas trop de ce qui a déjà été fait. Je pense que ce n’est pas forcément ce qui est intéressant. Ce qui est vraiment intéressant avant tout, c’est d’avoir des idées fortes et puissantes qui vont justement surprendre le grand public et ensuite, qui peut s’inscrire dans un univers graphique qu’il soit.

 

Quelle place occupe l’artiste dans la société d’aujourd’hui ?

Je crois que dans notre société actuelle, peut être plus que précédemment. L’artiste a une place fondamentale. Il est l’un des seuls éléments à pouvoir être totalement libre dans ses créations, dans ses discours, dans ce qui va nous montrer. Et je pense que dans son rôle, il n’est pas justement là pour nous montrer un esthétisme, pour nous montrer quelque chose de joli. Ça, c’est de la déco et du design. Il est là pour nous faire évoluer sur les idées, politiques, sociologiques, philosophiques. Il est là pour apporter quelque chose de neuf et il est un des seuls à pouvoir prendre les risques d’être totalement indépendant et à pouvoir proposer quelque chose qui sort uniquement de sa vision des choses, qui peut intéresser ou pas le grand public, et la société de demain.

 

Penses-tu que la société soutient suffisamment la création artistique ?

Avant tout, il faut définir ce qu’on appelle la société. Je pense qu’on peut faire deux grandes catégories. On va avoir les pouvoirs publics d’un côté et de l’autre côté, le grand public. En ce qui concerne les pouvoirs publics, j’ai tendance à penser qu’ils soutiennent trop l’art contemporain et surtout un certain type d’art. Je trouve ça un petit peu dommage. Justement, l’art d’État et qu’il soit très dirigiste comme ça peut créer justement certaines limites et certains empêchements dedans pour pouvoir développer l’art contemporain et la liberté des artistes. En ce qui concerne le grand public, par contre, a contrario, j’ai tendance à penser qu’il ne soutient pas assez la création contemporaine et les petits artistes d’aujourd’hui. Je ne parle pas des grands noms qui vendent pour plusieurs millions d’euros ou centaines de millions d’euros certaines œuvres, mais plutôt les petits artistes, les peintres, les photographes, les sculpteurs qui sont très proches de nous. L’artiste local où justement, je pense que le grand public a tendance à trop se rabattre sur de la reproduction vers des choses très industrialisées. Plutôt que la création contemporaine, qui est très intéressante.

 

Peut-on créer de l’art dans un but purement esthétique ?

À mon sens, on peut créer ce qu’on veut et on est libre. Tout dépend ce qu’on appelle art et il faut faire attention à différencier, art de design, et d’artisanat. Pour moi, une œuvre d’art qui n’a qu’une vocation esthétique ou esthétisante, elle est un peu limitée. Je pense que c’est important d’ajouter un fond, une vision plus sociétale, plus philosophique, plus idéologique. Apporter quelque chose de neuf, quelque chose qui va éveiller la conscience des spectateurs, de ceux qui la regardent. On peut toujours créer comme on en a envie. Pour moi, l’esthétisme doit justement soutenir le fond.

 

L’art est-il détaché de la politique ?

Oui et non. À partir du moment où l’art exprime une vision des choses, une vision sociale et une vision sociétale, il a une certaine connexion avec la politique. Mais en général, la politique va répondre à un questionnement beaucoup plus pragmatique, beaucoup plus de court terme, même si elle proposait des visions à long terme. L’art est avant tout composé de questionnement pour éveiller les consciences, pour permettre à celui qui regarde de réfléchir, d’interagir et éventuellement en sortir sa propre conclusion. On est en fait à un degré différent, pour pouvoir aborder un problème politique et pouvoir proposer une réponse. Il faut déjà s’être posé la question et avoir pris le temps de réfléchir, de peser les différents avis, arguments en fonction des cas.

 

Te considères-tu comme un artiste engagé ?

Un artiste engagé, oui et non. Clairement, je propose dans mes différentes œuvres une vision sociologique des choses, que ce soit sur la place du corps, sur la liberté individuelle, sur des thèmes qui me sont chers. Par contre, je ne me sers pas de mes œuvres pour justement pousser forcément un message, mais déjà pour provoquer une réflexion donc je suis un stade en amont de la politique ou de l’engagement réel. Je ne suis pas là pour servir une cause, mais juste pour transmettre mes idées, ma vision des choses et espérer que ça fasse réfléchir et que les spectateurs partagent ces idées.

 

À partir de quel moment t’es-tu considéré comme un artiste ?

Alors, on aurait envie de se considérer comme un artiste à partir moment où on crée, mais je trouve ça un petit peu facile. Je crois qu’on devient vraiment artiste, en tout cas, c’est comme ça que je me suis considéré comme artiste, à partir du moment où quelqu’un a acheté une de mes créations. Le fait de dire qu’il la veut, qu’il est prêt à payer pour ça, c’est qu’il y a vraiment quelque chose de fort qui est passé. Et j’irai un peu plus loin une personne qui ne m’apprécie pas particulièrement parce que c’est un ami ou de la famille, vraiment quelqu’un qui l’achète pour l’œuvre, et pas pour me faire plaisir plus précisément.

 

Un dernier mot ?

Je dirais que si vous avez envie aujourd’hui de devenir plasticien, travailler dur, ayez quelque chose à raconter. Ne vous découragez pas, continuez, persévérer et puis travaillez réellement sur ce que vous avez envie de dire, de changer, de faire évoluer. Essayez, non pas de l’imposer par la force, mais essayer, justement de faire évoluer les consciences. C’est un peu ce que je peux reprocher à certains mouvements, aujourd’hui très orienté cancel culture où ils vont imposer leurs mouvements, leurs visions des choses uniques. Je pense que justement, la force de l’art, c’est de pouvoir penser, réfléchir est la force de l’artiste, c’est d’être réellement indépendant, réellement libre et n’avoir aucune influence d’intérêt vis-à-vis d’autres structures.