Studio Idan - Art et Photographie »» Actualités de la galerie »» Backstage : hommage aux prémices de la libération du corps

INTERVIEW VIDEO

Backstage : hommage aux prémices de la libération du corps

Découvrez la collection Backstage, son histoire et ses inspirations.

Le projet Un Anonyme Nu Dans Le Salon, mis en place en 2009 regroupe différentes collections. Inspirée des années 50, entièrement en noir en blanc, la collection Backstage, nous plonge dans l’atmosphère des cigarettes et du whiskey.  Pourquoi les années 50 ? Idan Wizen nous en dit un peu plus.

EN SAVOIR PLUS

Vous préférez lire que regarder une vidéo ?

Tête à tête avec l’artiste Idan Wizen

Bonjour, je suis Idan Wizen, artiste photographe à Paris. J’ai réalisé entre 2015 et 2016 la collection Backstage, issue du projet Un Anonyme Nu Dans Le Salon. C’est une collection en noir et blanc, qui comprend 330 photographies, 330 personnes, qui n’ont pas été castés, les gens de tous les jours, comme vous et moi, qui sont venus poser dans le plus simple appareil et se dévêtir sur cette méridienne et le jeu de damier que vous pouvez découvrir dans cette collection.

 

Pourquoi as-tu choisi de rendre hommage à cette époque ?

La collection Backstage est inspirée principalement des années 50-60. J’avais envie de rendre hommage à cette période pour plusieurs raisons : avant tout, c’est une période où dans les mentalités c’était une véritable libération. Sur tous les aspects : sur les mentalités, sur la libération des corps, sur la libération sexuelle, sur la libération des mœurs.  Je trouve qu’après des siècles et des siècles où on a emprisonné l’homme et la femme dans leurs corps, où on a diabolisé le corps, j’ai trouvé que c’était un bel hommage à cette époque, où on se libérait.

Et puis, c’est une ambiance qui m’a toujours plu, qui m’a toujours attirée. J’ai souvent le sentiment d’être né quelques années trop tard. Les années 50-60 sur le plan musical, sur le plan cinématographique c’était, à mon sens, l’apogée de la culture du XXème siècle.

 

Que penses-tu de notre décennie comparée à celle-ci ?

La comparaison entre notre époque actuelle et les années 50-60 n’est pas forcément évidente. Mais effectivement, j’ai un peu peur qu’aujourd’hui les libertés qu’on a obtenues dans ces années, l’absence du jugement, la vraie liberté individuelle, on est un peu en train de revenir dessus. Sous prétexte de ne déplaire à personne, sous prétexte de ne froisser personne ou les communautés, on censure beaucoup.

Aujourd’hui, on se limite beaucoup sur les libertés d’expression. Je ne suis pas persuadé qu’il ne faille plus de parler des sujets, au contraire, je crois que la bonne chose c’est d’en parler, de pouvoir en débattre, et c’est ce qui nous permet d’avancer, tout en restant libres.

 

Comment as-tu fait pour faire ces effets de fumée ?

Ces effets de fumée ont été réalisés tout simplement en laissant les gens fumer. Avant de me faire huer très rapidement, je laissais fumer que les fumeurs, leur cigarette était vraie, et la prise de vue était faite à ce moment-là. Effectivement, on fumait dans le studio quand on a fait Backstage. C’était une autre époque !

 

Pourquoi rayures et carreaux ?

Sur la collection Backstage, j’ai utilisé deux éléments graphiques : d’abord un damier en noir et blanc, qui était posé au sol, et puis une méridienne avec des rayures. C’était dans un premier point pour avoir un jeu de perspective, un jeu de contrastes qui me semblait intéressant graphiquement.

Le deuxième point, c’était pour évoquer une dualité : une dualité du monde de l’époque, très binaire, très marquée. Une époque où il y avait beaucoup moins de nuances de gris, que celle d’aujourd’hui, où les combats d’aujourd’hui sont beaucoup plus complexes, certainement moins tranchés qu’à l’époque.

Et puis, le dernier point, c’est de faire évoluer les différents personnages comme sur un jeu d’échecs, comme sur un échiquier où on allait se déplacer au fil du damier.

 

Quelles sont tes photos préférées ?

Sur la collection Backstage il y a beaucoup de photos que j’apprécie. Ce sont des photos qui m’ont beaucoup marqué, qui ont beaucoup plu au public également. Mais j’ai envie de vous parler de trois photos plus en détail.

Il y a bien entendu la photo The Farmer, qu’on a beaucoup utilisé, mis en avant sur le site. C’est une photo qui a eu un premier prix international, forcément c’est gratifiant, ça fait plaisir. Je l’aime particulièrement parce qu’elle montre une personne âgée, totalement détendue, m’ayant totalement oublié, ayant totalement oublié la nudité. C’est un laisser aller total, un lâcher prise, qui m’évoque cette photo et qui me plaît particulièrement. Je crois que quand je vois cette photo, elle me fait penser à ce que pourrait être Serge Gainsbourg s’il était toujours en vie.

Une autre photographie qui me touche, à laquelle je pense, c’est la photographie The Doll. Cette jeune femme, toute en courbes, mais toute ravissante et harmonieuse, est à l’opposé des stéréotypes de beauté de l’époque. Et pourtant, avec son petit bandeau dans les cheveux, qui était là naturellement, (c’est elle qui l’a amené sans connaître le thème de la collection), je la trouve particulièrement forte. Par son regard, par son assertivité, par la force de son caractère, elle est belle, elle est resplendissante et elle peut qu’émouvoir le spectateur. 

Une autre photo qui, à mon avis, ne laisse pas indifférent, c’est la photographie The Warrior. C’est une photographie qui est très forte, parce qu’elle symbolise, selon moi, les deux combats qui ont été menés à cette époque : le combat des femmes et le combat des populations noires principalement aux Etats-Unis. On peut la voir se battre, combattre et ne pas se laisser abattre. Et puis, c’est un des combats qui était victorieux pour une grande partie. Donc je trouve que c’était un bel hommage et un beau symbolisme.